2009 : Année du trentième anniversaire du RDNP

  • Mis à jour : dimanche 9 septembre 2012 10:55
  • 28 Déc
Miami, le 28 décembre 2008

Chers compagnons de lutte,

Mon message de fin d’année est, à la fois l’expression de mes sentiments envers chacun de vous et celle d’une espérance.

Chacun de vous, dans l’intimité de ses propres souvenirs et préoccupations, fera secrètement, au douzième coup de minuit, le 31 décembre soit dans trois jours, le bilan de l’année qui s’achève, avec ses joies, ses frustrations et ses peines, à partir des anticipations formulées, un an auparavant, le 31 décembre 2007. Les rubriques sont familières comme points de fixation des espérances, même si on n’y pense pas toujours : famille, argent, travail, santé, déceptions et, hélas, deuils.

Sans doute, où que vous soyez, vous prolongerez les savoureuses traditions haitiennes qui consistent, pour les femmes, à porter des”robes à pois” comme porte-bonheur, ou à manger une orange afin d’en conserver secrètement les pépins (les « graines » comme nous disons chez nous) avec la secrète espérance qu’on aura de l’argent au cours de la nouvelle année. Le lendemain matin, chaque famille consommera la soupe giraumou et elle se réunira, plus tard, pour la dinde traditionnelle. Ces souvenirs me sont chers, comme à vous sans doute, et ils nous unissent où que nous soyons, en Haiti même ou à l’étranger. Mais sachons nous souvenir que tous nos compatriotes n’auront pas les moyens de la soupe et de la dinde.

Pour chacun de nous, ce bilan très personnel n’est pas une garantie que 2009 sera meilleur, mais il nous confortera dans cette espérance aussi personnelle que légitime.

A un autre niveau, il nous faut aussi faire le bilan pour notre pays et pour le parti. Les faits, vous les connaissez et point n’est besoin de les rappeler tant ils s’inscrivent dans nos préoccupations. Même avec la meilleure tolérance possible, on ne saurait délivrer un bulletin positif de satisfaction. Le régime actuel est en place depuis plus de deux ans et son chef n’ayant rien promis pendant la campagne électorale, il ne se soucie guère de combler les attentes légitimes de la population, encore que celles-ci soient raisonnables. Au RDNP, nous avions eu la sagesse et la perspicacité de ne rien anticiper de bon, même si, comme patriotes, nous ne souhaitions pas cet échec patent. Mais il est là dans tous les domaines de la vie collective, et notre condamnation se justifie à la fois par notre lucidité prémonitoire et elle est à la mesure d’une prédisposition civique à la compréhension, voire à la tolérance car nous ne voulons à aucun prix le malheur de nos compatriotes. Nous ne pensions pas non plus que l’arrivée d’une femme é la tête du guvernement changerait les choses, tout simplement parce qu’elle est une femme ; le tandem est en tain d’échouer pitoyablement et nous n’acceptons pas qu’on se refugie derrière les calamités naturelles ou provoquées par l’indifférence et l’irresponsabilite des uns et des autres, pour expliquer voire justifier une paralysie totale à la tête de l’Etat et un défaut d’embrayage qui conduit la nation dans une marche arrière sans freins et sans fin. Les 4 dépressions cycloniques n’ont pas frappé le pays de plein fouet, il faut le souligner, et nous n’avons reçu que les effets des « cheveux du cyclone » pour reprendre la formule « visuelle » et bienvenue de ma servante Rose à qui je montrais la photo satellitaire d’un cyclone. L’œil et le mur de l’œil, les deux particulirement meurtiers n’ont pas atteint le pays, fort heureusement, et pourtant l’ampleur des dégats a fait croire, par ignorance et par l’effet de nos croyances enracinées dans l’idiosyncrasie de notre peuple qui volontiers recourt aux superstitions pour expliquer l’insolite, que le pays vivait sous le oup d’une espèce de « madichon » alors qu’une pédagogie de la période cyclonique s‘impose en termes de prévoyance et d’information à dispenser au public, à commencer par les écoles et cela dès le primaire.

Mais précisément, qu’est-ce qui a été fait à cet égard ? Quelle politique est envisagée alors que juin 2009 est pour demain ? Qu’en est- il des travaux sur les bassins versants, en particulier ceux qui entourent la ville martyre de Gonaives dont certains quartiers croupissent sous une boue nauséabonde qui fait redouter que des cadavres soient encore enfouis dans ce linceul halluciant ? Et le curage des rivières, la délocalisation des citoyens qui ont de nouveau construit des maisons de fortune sur les berges ? Quels sont les moyens adéquats accordés à la protection civile pour remplir ses fonctions de prévoyance et d’alerte ? Le Gouvernement tend encore son « coui » et la comunauté internationale demeure partagée entre la compassion pour un peuple souffrant et une apparente sévérité pour un régime qui mendie l’aide alors qu’il découvre, comme par enchantement, 200 millions accumulés au titre de la politique vénézuelienne de Petrocaribe. Une manne qui a été distribuée plutôt qu’investie.

Sur un autre registre, l’émotion soulevée par le désastre de Nérette a conduit ceux qui nous gouvernent, hélas, à annoncer à grand renfort de propagande qu’enfin l’Etat allait se soucier de contrôler les installations scolaires, vérifier leur salubrité et leur sécurité, confirmer les compétences des directeurs et des professeurs, la stricte application des règles èdictées par le Ministère de l’Education Nationale (eh oui ! Il y en a) en ce qui concerne la durée des cycles, le nombre d’heures de classe requises annuellement, enfin toutes ces mesures qui sont à sa charge, même si, faut-il le rappeler encore et toujours, 80% de l’offre scolaire sont laissés sous la totale conduite du secteur privé, ce qui ne restreint pas ses responsabilités comme garant du fait que la massification de l’éducation ne se réalise pas au détriment de la qualité du Savoir. Mais une fois l’émotion passée, rien n’a été entrepris qui laisse croire que nous n’aurons pas à déplorer d’autres catastrophes du même genre. Et notre système scolaire continue à fabriquer à la chaine non les compétences dont le pays a un urgent besoin, mais une cohorte de médiocres diplomés du bac ou des 117 Universités privées qui ont bourgeonné ces dernières années, dont la formation dispensée ne répond pas aux critères modernes indispensables pour une politique de développement soutenu.

La délinquance sous forme de recrudescence du kidnapping devenu une entreprise dans laquelle interviennent aussi bien des hommes de main que des « têtes » intouchables mais souvent connues, continue en laissant dans le désarroi de l’inquiétude et de l’impuissance les citoyens de l’intérieur, tout en dissuadant ceux de l’extérieur de gagner la mère patrie ne serait-ce que pour quelques jours de vacance.

A cela s’ajoute la corruption, cette gangrène qui ronge le système social et gagne l’esprit de nos jeunes desoeuvrés et attirés par l’argent facile. On en connaît les rouages étatiques, la perméabilité de nos institutions, l’extension des bénéfices tirés du trafic de drogue dont une partie reste en Haiti, le fait que le pays soit devenu un relais  sur le chemin des transferts de l’Amérique du sud vers les Etats-Unis, en passant parfois par la Républque Dominicaine à cause de la porosité des frontières. On a appris récemment, avec consternation mais sans surprise à quel point des représentants de l’Etat pouvaient être impliqués dans cette lamentable affaire de Port de Paix…..Et le plus grave et le plus significatif est que non seulement la les faits sont choquants et condamnables, mais que le public les accepte sans en discuter la véracité, ce qui donne une mesure de la fable crédibilité acordée aux dirigeants.

Devant ce bilan, les militants du RDNP doivent étre de plus en plus convaincus non seulement de la validité, mais surtout de la nécéssité de notre action. Aussi, devons-nous nous préparer, dès maintenant, à assurer la relève en axant notre stratégie sur les points suivants, je veux dire ceux qu’il est possible de confier à cette voie de comunication, me laissant l’opportunité d’en discuter les termes les plus sensibles lors de mes rencontres physiques avec les Branches régionales, comme ce fut le cas à Paris récemment, et maintenant à Miami.

1) Une attitude et un comportement exempts de tout reproche car nous devons offrir, dès maintenant, l’image de la probité civique et morale.
2) Un militantisme actif qui ne se contente pas de réunions sociales au demeurant fort agréables, mais qui soit axé prioritairement sur la recherche de l’élargissement quantitatif et qualitatif des membres dans chacune des Branches régionales.
3) Pour celles de l’extérieur, le maintien des contacts avec les zones d’origine et nous signaler les personnalités connues qui peuvent nous aider. Il s’agit en particulier de se souvenir que le leadership régional est polyclassiste, que des personnes influentes et de ressource se retrouvent aussi bien dans les villes que dans les sections communales, qu’elles professent  toutes les religions et qu’elles ne sont pas nécesairement bardées de diplômes. L’élargisement de l’assise géographique du parti dépend de ce travail à mener, certes sur place, et nous nous y employons, mais aussi des contacts personnels. Souvenez-vous  qu’un militant du RDNP est aussi un chasseur de membres.
4) Nous avons décidé de participer aux élections, aussi bien à celles de l’an 2009 qu’aux présidentielles de 2010. Il n’est pas trop tôt pour y penser et les préparer, de manière méthodique.
5) Notre conception professionnelle de la politique qui consiste à poser les problèmes et à leur trouver des solutions nous engage à constituter des dossiers sur TOUTES les questions d’intérêt public. J’attends donc de nos membres –et ceci n’est pas une suggestion, mais un instruction formelle- qu’ils nous fassent parvenir, selon leur compétence et leur expérience personnelle, toutes les informations susceptibles de nous aider à enrichir notre Programme de Gouvernement « Changer la vie ». Nous n’attendrons pas d’être au pied du mur pour nous demander ce que nous allons faire. Il nous faut, d’ores et déjà, préparer non seulement des réponses adéquates et réalistes, mais aussi une statégie plausible et utile.

Je compte recevoir des réactions rapides à ces propos. Ne maintenez pas ces lettres que je vous adresse dans une situation de sens unique, car peu d’entre vous en font cas, ce qui me parait regrettable et, je le précise, inaceptable car le dialogue doit se dérouler de haut en bas mais aussi de bas en haut.

Bon travail donc !

Enemble, ensemble, ensemble, jusqu'à la victoire finale !
Tet fret, ke cho, men prop !


Bonne et heurese année 2009, pour vous, votre famille, le parti et le pays !

Mirlande Manigat
Secrétaire Générale