Anniversaire de Martial Celestin
- Mis à jour : dimanche 9 septembre 2012 10:55
- 05 Oct
Une Lettre-circulaire spéciale : Pour célébrer l'anniversaire de notre Patriarche.
Aujourd'hui, 4 octobre 2009, ramène l'anniversaire de Me Martial Celestin. Il boucle 96 ans, 96 "récoltes mangos", comme nous aimons dire chez nous !
Qui dit mieux ?
Nous ne pouvons qu'espérer atteindre cet âge.
Me Martial Celestin a eu une vie publique richement remplie. En dehors de son enseignement d'économie politique et de Droit rural à différentes Facultés de Droit, et qu'il a assumé jusqu'à récemment, il a occupé diverses fonctions dans les structures juridictionnelles du pays. Inscrit au barreau de Port-au-Prince le 7 mars 1939, il s'est, entre autre, distingué comme substitut au parquet du Tribunal de Cassation, et comme bâtonnier de l'Ordre des Avocats. Il a aussi fait carrière dans la diplomatie comme secrétaire de Légation à Paris et secrétaire général au Département des Relations Extérieures.
Enfin, il a été le premier Premier Ministre nommé par le Président Manigat, en 1988, après la mise en oeuvre de la Constitution de 1987.
Me Martial, connu de tous, aimé et respecté, silhouette agile que l'on observe, avec admiration, déambulant de son pas rapide dans les rues de Port-au-Prince, car il est un marcheur invétéré, toujours étonné de voir que quelqu'un, le reconnaissant, arrête sa voiture pour lui donner une "roulib"....... Combien de fois, Leslie et moi, médusés, nous l'avons vu arriver à la maison, en tap-tap, après avoir parcouru à pied la distance qui sépare le Carrefour Marin sur la Nationale No1 de notre domicile ! On ne manquait pas de le lui reprocher car on aurait pu le faire chercher. Je le revois, la mine enjouée et le sourire malicieux nous dire, avec satisfaction, comme s'il venait de nous jouer un bon tour : "Mais, je peux marcher !" A croire que c'était pour lui une question de dignité, avec le sentiment, très juste d'ailleurs que, malgré son âge, il tenait à ses habitudes et à son autonomie. Il avait une voiture; il a encore les moyens de disposer d'un chauffeur, mais, non, pour lui, marcher était plus qu'un exercice physique, une occupation de nature, une méthode de préservation de la santé et un indicible plaisir.
Les années n'ont pas épuisé sa détermination mais ses forces, et il ne marche plus comme autrefois. L'esprit demeure vif et l'ancien Professeur de Droit, est imbattable sur les questions de normes, de jurisprudence. Il a vu défiler des générations d'étudiants qui le vénèrent et il est capable de reconnaitre celui-ci ou celle-là, par le visage ou par le nom, car il possède une mémoire phénoménale et, racontant des épisodes de sa vie, il en fournit des détails conservés dans ses replis.
Chaque deux semaines, il se fait conduire à Ganthier, sa ville natale, si chère à son coeur où il connait tout le monde et là où, à la bonne manière haitienne, il est capable d'identifier les gens en les rattachant à leur père et à leur grand-père. C'est une référence en ce qui concerne ces habitudes du pays et je l'ai vu une fois confondre un jeune garçon à qui il rappelait le souvenir de son grand-père, avec une précision qui a laissé ce gamin sans voix. Il a une manière bien à lui de parle de quelqu'un en disant "ti-ason an", avec une intonation inimitable.
Combien de fois nous avons bénéficié de son hospitalité, car le vendredi saint, Martial faisait portes et table ouvertes pour recevoir les amis qui affluaient à Calvaire Miracle, ce haut lieu du pélérinage chrétien et où l'on peut d'ailleurs observer un certain degré de synchrétisme dans les pratiques des fidèles; et il se faisait fort d'accompagner ceux qui désiraient gravir le chemin de croix, même s'il l'avait déjà fait tôt dans la matinée. Après, c'était le moment du repas qu'il s'appliquait à offrir de manière à respecter les traditions du jour : poisson séché, morue, igname blanc, pois blanc et l'inévitable salade de légumes avec, bien entendu, le chou palmiste. Abondance et bon goût. On ne repart pas de chez Martial sans le sentiment d'avoir passé un moment inoubliable.
Au sein de notre RDNP, il était une mémoire, une référence et il ne manquait pas les réunions du CEN le samedi après-midi. Lors des campagnes électorales, il démontrait une énergie incroyable, osant même mettre la main quand il fallait pousser un véhicule ! A travers le pays, il connaissait beaucoup de monde, anciens étudiants, collègues d'autrefois, connaissances accumulées tout au long de la vie et des voyages.
En ce jour mémorable, toute la grande famille du RDNP, par ma voix, exprime à notre Patriarche, "patri" comme aimait l'appeler Leslie, nos sentiments de respect et d'affection.
Mirlande Manigat
Secrétaire Générale