Les trente ans du RDNP

Les trente ans du Rassemblement des Démocrates Nationaux

Progressistes d’Haïti (sous le signe de la cohérence doctrinale et de l’intégrité).

L’on était en 1979. La dictature duvaliériste avait vingt deux ans. La situation économique du pays se dégradait, les libertés publiques étaient étouffées et beaucoup de compatriotes risquaient leur vie sur des embarcations de fortune à la recherche d’une autre terre qu’ils jugeaient plus hospitalière. La tragédie des boats-people haïtiens éclata en pleine lumière et la misère de la population s’étala à la face du monde entier.

Il convenait d’identifier et d’analyser les défis auxquels le pays se trouvait confronté en vue de la formulation d’un projet pour apporter tant soit peu des solutions aux problèmes du pays.

Ainsi fut prise la décision par le professeur Leslie Manigat, alors en exil à Caracas, de fonder, en plein accord idéologique avec d’autres patriotes, le Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (R.D.N.P).

Le RDNP n’est pas né par hasard comme une élucubration de quelques personnes ou un assemblage hétéroclite de petites ambitions mais comme une organisation pour proposer une alternative démocratique et progressiste à la situation politico-économico-sociale de l’époque d’où le titre de son organe d’expression d’alors « L’Alternative ». Le texte « Les Impératifs de la conjoncture » était le faire-part de naissance du RDNP.

Fondé en exil, le parti a porté tout naturellement son action, dans les premiers temps de son existence, vers les milieux haïtiens d’émigration. Se sont ainsi formées des branches extérieures du Rassemblement dans les principales villes du Venezuela, des USA, de France, des Antilles françaises et de Guyane et aussi une branche clandestine en Haïti.

Le RDNP a répondu présent partout où le soutien à nos compatriotes émigrés était nécessaire. Il a œuvré, dans le cadre de ses possibilités d’alors, pour la conscientisation de patriotes, contre le rapatriement de clandestins et pour leur régularisation dans leur lieu d’exil, contre la stigmatisation de l’Haïtien.

Après la chute de la dictature en 1986, le siège du Rassemblement fut transféré de Caracas à Port-au-Prince ; les compagnons et responsables de l’intérieur sortirent enfin de la clandestinité et le parti s’implanta au pays.

Si les deux premières conventions nationales du parti ont eu lieu à l’étranger, la troisième s’est tenue en Haïti, en 1987, et il en est sorti le manifeste « Changer la Vie » qui est le programme de gouvernement du Rassemblement. Le parti eut le courage de participer aux élections de février 1988 qui consacra l’accession de son leader Leslie Manigat à la présidence du pays. Le temps a manqué à Manigat et à son équipe pour mettre en application le programme « Changer la Vie ». Les forces du statu –quo, toujours à l’affût pour empêcher toute velléité de changement, mirent fin à l’essai de transformation du pays tenté par le RDNP en 1988.

Du coup d’Etat de 1988 à aujourd’hui, le RDNP s’est toujours gardé de participer aux pouvoirs successifs en dépit des demandes qui lui ont été faites par certains parce que la politique appliquée ne correspondait pas à la philosophie et à l’éthique qui guident sa pratique.

Le RDNP de ses débuts à ce jour a organisé huit conventions nationales. Si les sept premières ont toujours reconduit à la tête du parti Leslie Manigat, c’est que celui-ci a bénéficié de trois légitimités :

1-     D’abord la légitimité historique, car il a été le secrétaire général fondateur, celui qui a tenu le parti sur les fonts baptismaux. Les dirigeants et les compagnons lui en ont su gré.

2-     Ensuite la légitimité démocratique, parce que, à chacune des conventions, il a été plébiscité par les compagnons du Rassemblement.

3-     Enfin la légitimité charismatique en ce sens qu’il a été le favori, le plus aimé des militants dans la grande famille rdnpiste.

Au travers du temps, les compagnons du premier cercle ont été rejoints par d’autres aussi aguerris qu’eux. Après plus d’un quart de siècle de bons et loyaux services, la génération des fondateurs a passé la main à la convention de 2007 à une nouvelle équipe dirigeante conduite par Mirlande MANIGAT.

Celle-ci est arrivée à la tête du parti non en raison d’attaches familiales mais parce que, dans la conjoncture actuelle, elle est parmi les membres du RDNP la plus crédible et la plus connue dans l’opinion et par conséquent la mieux préparée pour porter les couleurs du parti dans les prochaines joutes électorales.

Le RDNP, parti affilié à l’Internationale de la Démocratie Chrétienne (IDC), mène, aujourd’hui comme hier, le combat contre l’ignorance, la corruption et la misère qui sont les fourriers du populisme. Ce qui distingue le Rassemblement d’autres formations politiques, c’est sa constance dans une ligne nationale et progressiste. Il n’a jamais varié au gré du vent et des modes.


Devant les tâches que réclame la conjoncture actuelle pour sortir le pays de l’anarcho-populisme et le mettre sur les rails de la démocratie et du progrès, le RDNP, en regardant le chemin parcouru en trente ans, déclare, en citant Marc Aurèle « Quand je me regarde, je m’humilie ; quand je me compare, je m’honore ».


                              Hermann S. JEAN