Mirlande Manigat indique la porte de sortie à Michel Martelly

Les actions posées par Michel Martelly depuis qu'il est arrivé au pouvoir il y a trois ans sont loin d'être convaincantes pour susciter la sympathie de son ancienne rivale à l'élection présidentielle de 2010. Mirlande Hyppolite Manigat ne mâche pas ses mots.  « Si Michel Martelly veut rendre service à la population, il doit abandonner  le pouvoir », a-t-elle lâché mardi sur Magik 9. 

Pour l'ancienne première dame, « Michel Martelly doit partir parce qu'il est incapable de gouverner correctement .». Mis à part la question des élections qui auraient dû être organisées depuis 2011 et qui pour cause reviennent sans cesse dans les débats ces derniers jours, la situation générale du pays  dénote l'échec de l'équipe en place, à en croire Mirlande Manigat.  

« Le gouvernement ne fait que de la propagande. Ce qu'il  présente comme étant des programmes d'accompagnement sociaux ne sont pas les véritables solutions », lance Mme Manigat, comparant certaines des actions du gouvernement à de l' « aumône .». 

Les grands problèmes du pays ne sont pas attaqués et sont loin d'être résolus, pense l'ancienne sénatrice, dénonçant les « scandales à répétition impliquant des gens du pouvoir et meme des membres de la famille présidentielle ». Qualifiant l'Etat de prédateur, Mirlande Manigat s'en est prise aussi à la quantité de ministres et de secrétaires d'Etat - quarante au total-  constituant l'équipe gouvernementale et qui de plus, ajoute-t-elle, n'ont aucune feuille de route.   

Frustrée mais confiante dans le programme de son parti et la qualité des gens qui étaient dans son équipe, l'ancienne candidate à la présidence est convaincue que si c'est elle qu'on avait donné gagnante aux elections, le pays n'aurait pas été dans cet état.  « Si c'était moi, le pays ne serait pas dans cet état. D'ailleurs, ce n'est pas difficile  de faire mieux que Martelly », affirme celle qui a été battue par Michel Martelly dans la plupart des sondages et dans les débats électoraux. 

Mirlande Manigat a aussi critiqué le président de la République qui perpétue la crise pré électorale. La prise de fonction des sept membres du Conseil electoral provisoire lundi ne va pas résoudre le problème, croit la constitutionnaliste, rappelant que du point de vue de la Constitution haïtienne, le CEP est composé de neuf membres.

Elle a, au passage, attiré l'attention sur un conflit non encore évacué entre l'exécutif et le Parlement qui avait exigé la formation d'un CEP en s'inspirant de l'esprit de l'article 289 de la Constitution. « L'actuel conseil électoral n'inspire pas confiance », a balancé Mirlande Manigat.  

Mais plus qu'un nouveau conseil électoral, Mme Manigat plaide en faveur d'une administration électorale permanente qui pourra aider à résoudre, entre autres, les problèmes de listes électorales et du nombre de bureaux électoraux qui reviennent à chaque fois qu'il faut organiser de nouvelles élections dans le pays. « On peut toujours changer les conseillers mais l'administration doit demeurer », a-t-elle suggéré.  

Le secrétaire d'Etat des Etats-Unis  a  informé le Congrès américain qu’Haïti est en train de prendre des dispositions pour l’organisation d’élections libres et honnêtes. Il a également certifié que le gouvernement de la République d'Haïti respecte l'indépendance de la justice,  lutte contre la corruption, améliore la gouvernance, y compris l’adoption de la loi anticorruption pour permettre de poursuivre des fonctionnaires corrompus et instaurer la transparence financière et les exigences de responsabilité financière dans les institutions publiques. Des déclarations minimisées par l'ancienne qui croît le secrétaire d'Etat aurait été mal informé. 

« Mais heureusement, il existe d'autres canaux parallèles qui informent le gouvernement américain de ce qui se passe réellement en Haiti », se réjouit Mirlande Manigat sidérée de la tentative du ministre de la Justice Jean-Renel Sanon, de faire libérer, selon les chiffres du RNDDH, 868 prisonniers, parmi eux des criminels condamnés à vie, et du comportement de l'exécutif qui n'a aucun respect pour "l'organe essentiel" que représente le Sénat de la République. 

Saluant l'initiative des partis politiques, dont Fusion et Fanmi Lavalas qui ont, dans une position conjointe, exigé la formation d'un conseil électoral et la pétition lancée par l'Amicale des juristes, Mirlande Manigat invite la communauté internationale à être plus réceptive par rapport à ce qui se passe dans le pays. Si la communauté minimise cette action, elle peut  s'attendre à des surprises, prévient-elle en faisant allusion au fait que pour une des rares fois Lavalas a accepté d'unir sa voix à celle d'autres structures politiques. 

Commentant le rapprochement de son parti et de celui de Jean Bertrand Aristide dans le cadre de la lutte visant la démission de Michel Joseph Martelly,  Mirlande Manigat pense qu' « on ne peut pas se baser  sur les erreurs du passé de Fanmi Lavalas pour le taxer d'épouvantail ».

 

Source : Danio Darius - lenouvelliste