Mirlande Manigat confesse, Jean Henry Céant précise

L'ancienne candidate à l'élection présidentielle de 2010 a reconnu jeudi avoir commis certaines erreurs entre le premier et le deuxième tour de ces scrutins qui ont conduit l'ancien chanteur vedette de la formation musicale Sweet Micky au pouvoir. La première erreur, confie-t-elle, est d'avoir exigé l'annulation de ces élections très tôt le dimanche 28 novembre alors qu'elle était en tête dans les intentions de vote. 

« Mon mari, Lesly n'était pas d'accord avec l'idée. Au téléphone, s'appuyant sur l'idée que les autres candidats n'ont peut-être pas les mêmes intérêts que moi, il m'a déconseillé et m'a invitée à suivre l'évolution de la journée électorale », a déclaré l'ancienne première dame qui  malgré tout, avait préféré rejoindre ses concurrents, dont Michel Martelly. Au Karibe Convention Center, en milieu de journée, ils ont conjointement annoncé leur retrait de la course électorale qui avait été, selon eux, entachée de trop d'irrégularités.

Ce n'est que dans l'après-midi que je me suis rendue compte que ce n'était pas bon de demander l'annulation de la compétition électorale, a avoué Mirlande Hyppolite Manigat dont la décision a été désapprouvée par de nombreuses personnalités haïtiennes et étrangères, dont Edmond Mulet, le chef de la Minustah à l'époque. Consciente de son erreur, elle indique avoir décidé de reprendre la course dès le lendemain. Ce qui, a-t-elle poursuivi, n'était pas moins une autre erreur.

Elle devait retrouver ses collègues le lendemain pour donner suite à leur démarche, dont Jean Henry Céant qui croit qu'ils ont été « poignardés dans le dos ». Il est clair que Mirlande Manigat avait eu une entente avec des membres du secteur privé et de la communauté internationale qui l'ont invitée entre le 28 et le 29 novembre à une rencontre tout à fait spéciale, a déclaré l'ancien candidat à la présidence. En acceptant cette invitation, Mirlande Manigat avait trahi les autres candidats avec qui elle dénonçait les magouilles des élections de 2010, a-t-il martelé.

Le notaire confirme qu'il avait été invité également à cette rencontre qui s'était déroulée au restaurant La Plantation à Pétion-Ville mais qu'il a déclinée pour être « cohérent » avec lui-même et « respecter le pacte qu'il a eu avec ses pairs ». Céant confie avoir posé comme condition la participation de ses collègues ou un mandat d'eux. 

Ecartant la thèse qu'elle aurait avec Michel Martelly monté un complot contre ses pairs, Mirlande Manigat s'est questionnée sur le fait que les autres ont préféré faire alliance avec l'homme au crâne rasé.   

Elle rejette également la thèse selon laquelle elle aurait été manipulée à cette phase des élections. Personne ne peut me manipuler, a-t-elle répondu à une question inspirée de « L'assistance mortelle », le dernier film de Raoul Peck. Tandis que défilaient les images des candidats qui prenaient place autour d'une table au Karibe pour prononcer la conférence de presse en vue d'exiger l'annulation des élections, le narrateur du film souligne « qu'on ne savait qui manipulait qui ».

La constitutionnaliste a par ailleurs critiqué l'ancien sénateur de l'Artibonite  et actuel conseiller politique du président de la République, Youri Latortue, qui l'accuse de n'avoir pas pu tenir un discours capable de rallier les gens lors de la campagne électorale. Mais pourquoi m'a-t-il malgré tout suivie jusqu'au bout? se demande Mirlande Manigat, rappelant plusieurs rencontres dans l'Artibonite, le Nord-Ouest, l'Ouest et dans d'autres départements du pays où les membres de la population l'ont attendue parfois pendant plusieurs heures pour l'écouter et l'acclamer. 

Mirlande Manigat promet d'autres vérités

Commentant le film de Raoul Peck, Mirlande Manigat promet de révéler bien des vérités sur le déroulement des élections de 2010 dans ses mémoires qu'elle compte rédiger un jour. En attendant, elle réaffirme sa position selon laquelle Michel Martely n'a pas gagné les élections. C'est évident, il a été choisi, a lancé l'ancienne candidate qui, comme Michel Martelly et Jude Célestin, a eu entre les deux tours une rencontre en tête à tête avec Hillary  Clinton, la secrétaire d'Etat américaine à l'époque.

Mirlande Manigat ne finira jamais de dénoncer l'ancien président du Conseil électoral provisoire, Gaillot Dorsainvil, qui, dit-elle, à la soirée précédant la publication des résultats du deuxième tour des élections, fait irruption au centre de tabulation et les modifie au profit du candidat au crâne rasé. Elle avoue n'avoir pas présenté ses félicitations à son concurrent parce qu'il n'a pas été élu correctement.

 

Source : Danio Darius - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. - lenouvelliste