Mirlande Manigat défend le respect de l'article 157
Quelle est la nature des 26 pièces déposées par le Premier ministre désigné devant la Chambre des députés, se demande Mirlande Hyppolite Manigat, invitée ce vendredi à Radio Magik 9. Selon la constitutionnaliste, ces documents devraient être rendus publics. « Ce n'est pas la quantité de pièces qui vont prouver que le concerné répond à toutes les exigences de la Constitution », explique l'ancienne candidate à l'élection présidentielle, qui, d'entrée de jeu, croit que Garry Conille ne réunit pas les conditions constitutionnelles ayant rapport à la résidence ni aux obligations fiscales.
« Il est clair. Garry Conille n'a pas résidé dans le pays durant ces cinq dernières années de façon consécutive », dit Mirlande Manigat, rappelant que le poulain de Michel Martelly travaille à l'extérieur depuis en 2004, date à laquelle il a intégré le système des Nations unies. La constitutionnaliste rejette la thèse selon laquelle il serait un agent diplomatique. Argument avancé par certains parlementaires et d'autres personnalités pour contourner la question de la résidence.
« Il n'est pas un agent diplomatique. On ne saurait brandir en sa faveur la convention de Vienne sur les relations diplomatiques qui octroie certains privilèges et immunités à ces personnalités. Ceux qui font référence à cette convention ne savent pas de quoi ils parlent », dit la secrétaire générale du RDNP, avant de préciser que Garry Conille n'est qu'un fonctionnaire des Nations unies et par conséquent ne bénéficie pas du principe d' « exterritorialité ». Selon ce principe, les représentants des Etats à l'étranger ont le droit de vivre selon le régime de lois du pays qu'ils représentent.
Même si Garry Conille avait l'habitude de venir passer ses vacances en Haïti, cela ne pourra pas justifier qu'il a résidé dans le pays durant tout le temps qu'il a travaillé dans le système des Nations unies, selon le professeur de droit qui croit qu'il est extrêmement difficile pour le Premier ministre désigné de prouver sa résidence.
L'ancienne candidate à l'élection présidentielle dénonce en ce sens l'attitude de certains parlementaires qui se seraient, d'après elle, montrés prêts à passer outre à la Constitution et voter en faveur du choix du président de la république sous prétexte que le pays ne peut plus continuer à fonctionner sans un gouvernement. La lassitude est mauvaise conseillère, argumente la constitutionnaliste, pour qui l'article 157 de la Constitution doit être à tout prix respecté.
L 'ancienne première dame critique aussi la position de certains parlementaires qui auraient l'intention de voter pour Garry Conille en qualifiant de « politique » leur vote. « La décision politique ne s'oppose pas à celle qui est juridique. Quel que soit le cas de figure, la décision des parlementaires doit tenir compte des prescrits de la Constitution », indique Mirlande Manigat, reconnaissant au Parlement une structure qui est avant tout politique.
« La Constitution haïtienne a beaucoup de failles, il faut l'avouer. Mais il faut la respecter », recommande Mirlande Manigat pour qui Garry Conille ne serait pas la seule personne compétente du pays qui puisse remplir la fonction de Premier ministre.
Danio Darius - lenouvelliste