Myrlande Manigat, Notre Planche De Salut

Jean Erich René
erichrene @ bell.net

A la veille des élections, la résolution de l’équation politique haïtienne par la méthode d’élimination nous oblige à partir du connu pour arriver à l’inconnu. Compte tenu du nombre de candidats de la pluralité et de la diversité de leurs horizons, nous nous trouvons devant le choix de l’embarras. Le danger qui menace la Nation haïtienne est évident.

Nous sommes obligés, comme le héros cornélien, de répondre  plutôt à l’appel du devoir qu’à nos passions.  Depuis le séisme du 12 janvier 2010, la problématique haïtienne, semblable à la quadrature du cercle, devient presqu’impossible à résoudre. Le Peuple Haïtien constitue le cauchemar de la quasi totalité des Nations du Monde. Le spectacle attendrissant des familles logées sous des tentes dans des conditions infra humaines attirent des regards de commisération. Nous avons un grand défi à relever relativement à la rareté de nos ressources tant humaines que financières.

Nous avons 10 millions d’habitants à nourrir. Ce serait un manque de dignité de notre part de compter seulement sur l’aide internationale. Il nous faut 4.989.360 TM de produits végétaux et  407.040 TM  de produits animaux.    Il nous faut planter  398.971 hectares pour répondre aux besoins alimentaires de la population haïtienne. Il nous faut 220.073.396 $ US pour implémenter un programme d’autosuffisance alimentaire en Haïti. Tandis que nous présentons notre sébile devant les Grandes Puissances, nous avons des milliers de carreaux de terre en friche dans nos Plaines et Vallées. Le Plateau Central, la Vallée de l’Artibonite, les Plaines du Nord y compris Fort-Liberté totalisent 335.000 has de terre. Sans compter le reste du pays, cet espace peut produire suffisamment de nourriture pour donner à manger au peuple haïtien.  Comment répondre à ces nouvelles contraintes de l’heure?

Intervenir à bon escient dans un délai raisonnable exige le choix d’un bon timonier de la Barque Nationale en péril.  Nous avons des problèmes complexes et urgents à résoudre. Ce n’est pas le temps de chanter comme la cigale, nous devons emprunter à l’abeille son éclectisme afin d’actionner le chantier national de la reconstruction d’Haïti. Ce n’est plus le temps des stagiaires ni des essayistes. Le cas est clinique et exige à son chevet des techniciens chevronnés et de laborieuses ouvrières. Des horizons nouveaux doivent être ouverts conformément aux moyens disponibles in situ pour lever les grands défis de l’heure et apporter la solution idoine.

Définitivement il nous faut aménager un espace beaucoup plus convivial en Haïti, tout en changeant de modèle de société. Nous avons en face de nous une jeunesse en perdition, attirée par l’appât du gain facile du marché de la drogue et de la prostitution tout azimut. L’itinérance devient le lot d’une frange importante de la population haïtienne. Sans abri, sans emploi, sans espoir, sans avenir, sans boussole, jeunes et vieux sont en train d’errer dans le désert, sans pouvoir trouver la terre promise. Pris de désespoir beaucoup d’entre eux se jettent à la mer sans jamais atteindre l’autre rive. Dans le cas contraire ils sont refoulés ou soumis à un régime d’enfer sur leur terre d’accueil.

Il nous faut aider nos enfants à construire leur avenir au lieu de trainer dans les rues à la recherche du pain quotidien. Beaucoup d’entre eux ne vont pas à l’école et s’acquittent de menus services comme lavage de voiture pour trouver de quoi se mettre sous les dents au cours de la journée et même porter secours à leurs parents. Dans un tel environnement ils sont exposés à toutes les calamités du monde et ne seront pas en mesure de gérer l’avenir de la Nation. Le hic c’est qu’ils représentent plus de 50% de la population haïtienne. Nous ne pouvons pas les combler seulement de chansons  ni les droguer de plaisirs pour les endormir, mais nous devons leur offrir un cadre idéal pour leur épanouissement, afin qu’ils puissent assumer la relève à l’instar des autres jeunes du monde.

La situation politique haïtienne actuelle est comparable à celle de la Côte d’Ivoire après la mort de Félix Houphouët-Boigny. La révision du Code électoral, relative à la citoyenneté des Candidats à la Présidence, a provoqué un chambardement social. En insistant sur le concept d’ivoirité, certains prétendants au fauteuil présidentiel étaient empêchés de participer aux joutes électorales. Cette discrimination identitaire a mis au rancart les aspirants les plus représentatifs cour conduire au pouvoir  le 22 octobre 1995  le candidat unique proche du Gouvernement : Henri Konan Bédié. Le 24  décembre 1999,  suite à sa tentative de changer la Constitution ivoirienne pour accentuer cette tentation xénophobe divisant les fils et les filles d’une même Patrie, il fut renversé par le Général Robert Guéï.

Simili modo, le Président René Préval a échoué dans sa tentative de changer la Constitution de 1987 en vue de garder le pouvoir, sous les conseils de Claude Moïse et de Carry Hector. Maintenant, il est contraint d’abandonner la prolongation de son mandat jusqu’au 14 mai 2011, votée par les deux Chambres. Aussi il se rabat sur le CEP pour évincer ses adversaires politiques, faute de décharge et/ou de résidence pendant ces 5 dernières années. Lorsqu’on ajoute à ces deux critères les accusations de  drogue, de corruption, de crime, de concussions et de malversations, même Jude Célestin le dauphin présumé de Préval ne peut pas résister à l’épreuve du CEP. Le béton va chauffer en cette fin du mois d’août favorable aux cyclones, suite à la remise des carnets. La liste des candidats sera soulagée des vedettes les plus applaudies.

Préval s’est rendu compte qu’il a perdu le contrôle de la situation. Aussi pense-t-il se rabattre sur les élections législatives  en vue d’avoir le contrôle du Parlement et bénéficier éventuellement du Poste de Premier Ministre afin de sauver la face et rester encore à la surface en toute sécurité, à l’instar de Vladimir Poutine. Moyennant la fermeture des inscriptions, la faune électorale est réduite à sa plus simple expression. Ces ambigüités politiques inattendues glissent le fauteuil présidentiel d’office à une figure de proue Myrlande Hyppolite Manigat parce que :

1.   Elle représente beaucoup moins de dangers pour René Préval que ses partisans déçus et ses ennemis aguerris par son comportement.

2.   Elle incarne l’Espoir de la Classe Intellectuelle Haïtienne vilipendée durant ces 25 dernières années.

3.   Elle est plus potable pour la Bourgeoisie haïtienne que le populisme dévastateur annoncé par les cris de certains candidats aigris.

4.   Elle est plus malléable par la Classe Politique Haïtienne grâce à sa proximité avec leurs principaux représentants.

5.   Elle sera accueillie à bras ouvert par l’Électorat féminin.

6.   La France, les USA et les pays de l’Amérique Latine feront d’elle un trait d’union en vue de réparer nos fissures sociales.

L’analyse de la conjoncture politique actuelle révèle que par son gabarit, ses ressources intellectuelles éprouvées, son instinct de Mère responsable et consciente de la dure réalité des familles haïtiennes, Myrlande Hyppolite Manigat en une telle occurrence est la seule et la plus solide PLANCHE DE SALUT.