G) La Politique Internationale du RDNP au pouvoir

La politique internationale du pouvoir RDNP comprenant à la fois la politique extérieure et la diplomatie mise à son service, obéira à des principes qui en déterminent l’orientation et la pratique.
Les fondements et les principes sont d’ordre géographique, historique, économique et culturel. Nous sommes un pays de petite taille : 27.500 km2, 6 millions d’habitants, avec un PNB de l’ordre de $350.00 per capita. La combinaison de ces trois attributs pose des limitations à nos ambitions internationales ou tout au moins, exerce sur elles des contraintes. On pourrait nous objecter qu’Israël, avec ses 21.000 km2, le Koweït avec ses 18.000 et la Belgique avec ses 31.000 ont une dimension équivalente à la notre en superficie, et que l’Irlande avec ses 3 millions et demi d’habitants, la Nouvelle Zélande avec ses 3 millions ne sont guère mieux lotis en effectif démographique. Mais le PNB per capita Israël est de l’ordre de 5.060, du Koweït de l’ordre de 16.720. Il y a donc une première évidence dans l’indication que notre politique extérieur doit être en rapport avec nos moyens, c’est-à-dire à la mesure de nos possibilités. Une modestie lucide n’est pas renonciation ni soumission : un destin planétaire ne semble pas correspondre à notre vocation, encore que peut être, le cas de Cuba vienne nuancer cette assertion qui demeure vraie en général et dans la longue durée. Dieu prend soin du monde, à nous de prendre soin de la patrie, aimait citer le Général François Saint Surin Manigat.    
Nous sommes un petit pays pauvre, au stade critique du sous-développement. C’est le deuxième trait signalétique d’identité nationale, le seul PMA de tout le continent américain. Cela signifie que notre politique extérieure, au service de l’intérêt national comme il se doit, sera orientée prioritairement vers l’aménagement d’amitiés et de solidarités utiles dans notre tache de développement économique et social pour la modernisation du pays. Ce sera donc une politique extérieure fondée sur un pragmatisme progressiste.
Nous sommes un pays caraïbe, c’est-à-dire situe dans une aire géographique à proximité de l’une des deux puissances en compétition pour l’hégémonie mondiale. De fait, la géopolitique contemporaine nous place à l’intersection des deux grands axes Nord-Sud et Est-Ouest autour desquels s’organisent, en termes conflictuels, les relations internationales dans le monde d’aujourd’hui. Notre politique internationale doit être marquée au coin du REALISME vigilant.  
Nous sommes une nation a dominante ethno-culturelle africaine, avec un passé colonial européen, mais en une page d’histoire qui a étonné le monde. Ceci nous dicte une politique étrangère de principe, favorable aux droits des peuples a disposer d’eux-mêmes comme lors des grands débats onusiens sur la décolonisation, au principe de la souveraineté égale des nations comme lors de la guerre d’Ethiopie, et au principe de l’égalité des races comme dans le conflit actuel de l’apartheid sud africain. Nous ne pouvons pas transiger avec de tels principes. Aussi les défendrons-nous sans défaillance au sein des Organisations Internationales notamment, ou notre présence sera plus active, moins théorique peut-être, mais, en tout cas, plus soucieuse de contribuer à mobiliser les ressources extérieures pour le développement de notre pays. A cet égard, il nous faudra soigner particulièrement la qualité de nos rapports avec les grandes organisations financières internationales en ayant pour boussole l’intérêt national au service duquel notre diplomatie s’activera avec intelligence, le sens pratique allant de pair avec la dignité, et le sérieux assurant notre prestige de petit peuple qui sait tenir ses engagements. Car nous sommes un peuple humilié et avili par 29 ans de dictature duvaliérienne dont la politique extérieure, médiocre et sans prestige, était de surcroît mercenaire et mendiante. Ceci implique un objectif immédiat de réhabilitation de notre image et de notre position internationale dans le concert des nations démocratiques, crédibles et dignes : retrouver notre prestige d’antan.
Nous sommes un petit pays, mais grand par son histoire, d’une grande richesse culturelle, important du fait de sa position stratégique. Une politique extérieure intelligente peut nous valoir la considération internationale et amener nos partenaires à tenir compte de nous. Des initiatives à point nommé peuvent faire de nous une voix responsable et écoutée, et des performances peuvent même nous donner temporairement et ponctuellement un rôle de chef de file à l’occasion, pour satisfaire notre ego national.
Nous sommes un peuple dépendant souvent défavorisé par l’échange inégal et assisté par la coopération des pays donneurs d’aide. Il est intéressant d’enregistrer ici que l’un des premiers à formuler chez nous ce qui devait être plus tard connu comme la théorie de la détérioration des termes de l’échange a laquelle est attachée le nom du grand économiste argentin Raoul Prebisch, n’est autre que le leader paysan Jean-Jacques Acaau quand, un siècle avant Prebisch, Il dénonçait la hausse des prix des produits industriels importés par le paysan (bleu denim, collette, houe, serpette) et la baisse des prix des produits agricoles fournis par le paysan pour l’exportation (café, cacao, coton, etc.), situant dans ce phénomène la source de l’appauvrissement et de l’exploitation ! Cette réalité nous porte à développer une politique extérieure en faveur d’un Nouvel Ordre Economique International au nom de la justice sociale internationale. Ceci nous dicte une double recherche d’amitiés et de solidarités : Avec le Nord dans la mesure ou il est humaniste et raisonnable, avec le Sud dans la mesure ou il est conscient et solidaire.
La mise en œuvre d’une telle politique postule l’adoption d’un certain nombre de critères d’orientation en vue de résultats pratiques :
a)Rechercher avant tout la négociation de préférence à la confrontation antagonique d’une part et à la soumission au diktat d’autre part. Nous l’avons souvent proclamé et répété : Promouvoir l’intérêt national à l’intérieur de pays vis-à-vis des intérêts des groupes particuliers, et à l’extérieur vis-à-vis de nos partenaires étrangers, c’est faire en sorte que les discussions y relatives ne doivent être prises pas plus à Washington, qu’à Moscou, ni Paris, ni Pékin, ni à la Havane, ni à Caracas, ni au siège d’aucune compagnie multinationale, bref nulle part d’autre qu’en Haïti, par le gouvernement national bénéficiant de l’appui du peuple haïtien et des forces vives mobilisable de la nation, pour élargir sa marge de manœuvre te d’action dans le domaine des relations internationales et dans celui de la politique intérieure et dans les deux cas, au service de l’intérêt supérieur du peuple haïtien tout entier.
b)Venir à la table des négociations avec des dossiers sérieux. Nous avons des techniciens compétents, hommes de dossiers, aptes à mener les pourparlers au niveau technique. Nous avons des diplomates, homme de métier, capables de mener des négociations à des conclusions positives ;
c)Diversifier nos partenaires en élargissant le champ de nos relations internationales. Aux anciennes formules binaires du 19eme siècle, privilégiant la recherche d’un mariage d’amour assorti d’un espoir d’intérêt avec la France et celle d’un mariage de raison dicté par l’intérêt avec les Etats Unis, il faut apporter un élargissement d’horizon à l’échelle du monde un qui se construit sous nos yeux et donc doit se construire non sans nous mais avec nous et à notre profit. Cette diversification est utile pour permettre de jouer sur des registres divers et des claviers différents avant d’opter pour la solution rentable, c’est-à-dire la plus bénéfique à l’intérêt national.
d)Savoir que notre appartenance à l’Ouest, tout en nous ayant permis d’être dans la situation exceptionnelle de n’être l’ennemie de personne, impose certaines limites à ce que nous soyons les amis intimes et actifs de n’importe qui. Pour l’avoir méconnu, le régime de Manley, à la Jamaïque, en a été victime et Manley lui-même en a tiré la leçon. Il y a une analyse coût bénéfice qui vient renforcer notre option démocratique sur le plan international.
Ceci dit, le RDNP voit nos relations internationales se déployer vers 5 horizons :
1)L’horizon caribéen avec les 3 cas problèmes de Cuba de la République Dominicaine et la Caraïbe anglaise.
Nous sommes le voisin le plus proche de Cuba, un bras de mer sous la forme d’un étroit canal (Le passage du vent) nous sépare, mais la proximité s’analyse ici en termes de distance idéologico-politique. La conséquence sur le plan géostratégique est dévaluer en termes d’intérêt national la problématique relationnelle avec la première expérience marxiste-léniniste ou pouvoir au Nouveau Monde et le tremplin continental du prosélytisme communiste pro Moscou qui a cherché à déstabiliser les démocraties bourgeoises du continent à l’égal des dictatures pro impérialistes. Perd-t-on quelque chose a continuer à ignorer politiquement Cuba pour le moment ? En tout cas, il est significatif que même les sociaux-démocrates au pouvoir en République Dominicaine avec le PRD de 1978 a 1986, n’ont pas renoué diplomatiquement avec le régime communiste de la Havane.
Avec notre voisine, la République Dominicaine, surtout à l’ère post-trujiliste, il y a des questions pendantes qui ne manquent pas d’être soit délicates et difficiles, soit même brûlantes et irritantes, le problème de la migration haïtienne à l’est, le problème des relations économiques et des conquêtes de marchés, le problème de l’utilisation des eaux frontalières, le problème des relations historico-politiques entre les deux parties de l’île. Autant de problèmes caractérisés pendant longtemps par le heurt de deux intérêts nationaux dans le contexte des rivalités hostiles et des peurs réciproques d’autrefois. Aujourd’hui, ou en sommes-nous et surtout, demain ou allons-nous ?
Certes le Dr Balaguer ne peut être classé parmi ceux qui professent dans ses écrits politiques et historiques, une haute idée du peuple haïtien dont il considère les masses urbaines et rurales comme congénitalement inférieures, mais c’est lui que le peuple dominicain a choisi pour diriger se destinées pour les quatre prochaines années. Le fait qu’il ait été un proche collaborateur du dictateur Trujillo, puis l’homme de la transition démocratique post-trujiliste et le fait qu’il revienne au pouvoir pour la cinquième fois et que ce retour se fasse en vertu du libre choix populaire en faveur d’un vieillard  bientôt octogénaire et par surcroît atteint de cécité, montre qu’il s’agit là d’un homme politique peu commun dans son pays.
Maintenant pour nous de ce coté-ci de la frontière, il nous faut connaître le partenaire avec lequel nous devons nécessairement dialoguer pour résoudre les problèmes dont certains sont difficiles et irritants comme ceux de nos travailleurs dans les bateys dominicains. Il faudra bien qu’un jour, de la table des négociations menées dans le respect de l’intérêt national  de chacune des deux parties et la reconnaissance de leur dignité égale, sorte un nouveau type de rapports entre l’Est et l’Ouest de l’île, comme est sorti des conversations De Gaule Adenauer un nouveau type de rapports entre la France et l’Allemagne jusque là ennemis héréditaires.
Or voici que d’une part, est en train de naître une démocratie chez nous à notre tour, et d’autre part à la surprise sceptique de maints observateurs, le Dr Balaguer a sollicité et obtenu pour son parti réformiste l’étiquette social-chrétienne reconnue officiellement par l’Internationale de la Démocratie Chrétienne. C’est le moment pour nous de prendre au mot le Dr Balaguer et son équipe en les testant en ce qui concerne l’attitude vis-avis d’Haïti, car la doctrine chrétienne dont s’inspirent les partis démocrates-chrétiens prêche la reconnaissance de l’éminente dignité de la personne humaine, c’est-à-dire pour la nouvelle équipe au pouvoir a Santo Domingo, la reconnaissance dans les faits de l’éminente dignité du nègre haïtien. N’oublions pas, par exemple, que le Produit National Brut dominicain par tête d’habitant est trois fois supérieur au notre (970 dollars et 320 dollars selon la Banque Mondiale), en outre que pour négocier, il faut être deux. A nous aussi d’aborder la nouvelle phase des relations haitiano-dominicaines avec un esprit de recherche pragmatique de la coexistence harmonieuse et coopératrice entre les deux partenaires qui cohabitent sur la même île et doivent, tout en défendant et en promouvant leur intérêt national respectif, s’entendre sans prétentions de domination ni assomption de supériorité.
Avec la Caraïbe anglaise, soyons lucides : des 1974, Haïti avait demandé son adhésion, comme membre a part entière, au processus d’intégration caraïbe incarné dans la CARICOM. Elle s’est contentée d’un statut d’observateur auprès de 4 commissions techniques d’une institution laquelle, pour être porteuse d’un grand projet, celui de l’unité caraïbe, connaît actuellement des difficultés qui en bloquent la réalisation. Il nous faudra reprendre le dossier sur des bases nouvelles et, entre la pleine intégration peu réaliste, coûteuse pour nous, et l’éloignement total, trouver une formule de coopération multilatérale qui nous permette de participer au long processus d’unification régionale à long terme sans assumer, dans l’immédiat, le poids des règles communautaires contraignantes (en matière d’union douanière et de préférence communautaire, par exemple) que l’état d’avancement de l’intégration caraïbe ne rend pas, pour le moment, profitable pour nous.
2)L’horizon latino-américain
Avec le sous-continent méridional tout proche, les relations ont toujours été, à de rares exceptions près, bonne et même fraternelles, en tout cas formellement, et peuvent se révéler profitables pour nous, car certaines nations (Venezuela, Colombie, Argentine, Brésil) appartiennent déjà à la frange privilégiée des pays non encore totalement développés. La sélection des secteurs de coopération se fera sur une base individuelle en tenant compte des possibilités de chaque état. Et sur le plan multilatéral, Haïti étant le pays le plus pauvre du continent, devra davantage profiter des mécanismes de coopération qui existent au sein du SELA.
3)L’horizon Tiers Monde
C’est un fait évident que nous appartenons à cette catégorie défavorisée du système international baptisé par ce néologisme par le grand démographe français Alfred Sauvy en 1954. Mais le RDNP estime indispensable de poser, en termes clairs, en quoi consistent cette appartenance et une politique tiers-modiste. En effet, il s’est développé au cours des 3 dernières décennies, une sensibilité solidaire entre les quelques 130 pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine (plus récemment la Caraïbe) dont nous sommes partie. Mais l’analyse des réalités concrètes rend évident que chaque groupe et même chaque état mène sa politique internationale en fonction de ses intérêts géostratégiques et politiques. Ne nous faisons pas trop d’illusions : par delà les déclarations faciles qui expriment plus une aspiration, d’ailleurs sincère, qu’une vocation réelle, la solidarité tiers-mondiste est surtout verbale, à cause, certes de la résistance ou de l’indifférence des grandes puissances, mais aussi à cause, reconnaissons-le de la fragilité des engagements souscrits avec légèreté. Les pays du Tiers Monde, tout comme les autres, se laissent guider aussi bien par les bons sentiments que par leur propre raison d’état. Si par exemple, certains d’entre eux ont exprimé une réprobation devant le système duvaliérien, on ne saurait dire que le Tiers Monde a été très actif, en tant que groupe, dans le processus de chute de la dictature, et un journal aussi influent que le Caribean Contact (No. D’août 1986) soulignait pour le blâmer, précisément le silence observé par la CARICOM avant et même après la chute de Duvalier. Le rapprochement avec l’Afrique ne sera pas seulement émotionnel a fondement ethnoculturel mais de caractère pratique et soucieux de résultats concrets et solidaires.
Cela dit, le RDNP entend maintenir et même activer la présence d’Haïti au sein des grandes instances du Tiers Monde tel le groupe des 77 au sein de la CNUCED et à l’ONU. Mais il ne voit pas pour l’instant pourquoi il promouvrait l’adhésion du pays, en tant que membre à part entière, au Mouvement non aligné, car tout en partageant le souci originel de ne pas se laisser entraîner dans le conflit Est-Ouest, il reconnaît que l’idéal ne s’est pas converti en réalité et que la plupart des grands ténors du groupe des non alignés sont bel et bien alignés et dépendants des Etats Unis ou de l’Union Soviétique.
4)L’horizon du Nord démocratique
Nous identifions ainsi soit des pays développés, soit des secteurs de pays développés qui connaissent et défendent les principes démocratiques et qui sont soucieux d’aider, sur une base de générosité et pas exclusivement de calcul politique d’intérêts, les pays pauvres de la planète. Parmi ces pays donneurs d’aide, nous avons des amis traditionnels. Se rangent dans cette catégorie : Europe Occidentale et aussi le CEE, (au sein desquelles, il faut détacher la France, notre partenaire historiquement privilégiée et aujourd’hui amie proche par et au sein de la francophonie), le Canada, des secteurs importants et agences du gouvernement des Etats Unis et de la collectivité américaine  Washington étant de loin le plus important donneur d’aide à notre pays, suivi à distance par Paris mais aussi d’autres pays plus récemment intéressés à Haïti ou dans l’amitié desquels notre pays peut trouver des avantages de coopération dans la dignité. Tel est le cas des pays scandinaves, par exemple. A cet égard, nous appartenons à deux systèmes Nord Sud, celui des relations USA Caraïbes aujourd’hui caractérisées par le contexte du CBI, et celui des relations Europe Caraïbes caractérisées par la Convention de Lomé à laquelle nous avons intérêt à devenir membre à part entière.
Dans le Nord démocratique, il y a évidemment le cas des Etats Unis d’Amérique. Pour nous, l’antiaméricanisme primaire est stérile et fanfaron. Notre nationalisme vigilant ne s’accommode pas à cette sauce-la. Conscient des réalités géopolitiques qui découlent de notre position géographique et de nos relations économiques internationales, partageant avec les Etats Unis le même idéal de liberté personnelle fondée sur des valeurs éthico-politiques communes, nous ne sommes pas opposés aux Américains, nous sommes différents d’eux, à l’évidence même C’est cette différence qui fait de nous des Haïtiens.
Nous avons donc tout naturellement à préserver, à défendre, à faire valoir, à promouvoir une cause nationale que, seuls, nous avons intérêt à servir au premier chef, tout simplement parce qu’il s’agit d’Haïti et que nous sommes des Haïtiens. Au service de cet intérêt national, nous entrons en relation avec des partenaires obligés, certains plus puissants que nous à l’égard desquels notre dignité de petit peuple veut que nous développions une politique d’amis et non de satellites pour utiliser les expressions du grand poète mexicain Carlos Fuentes. Entre amis égaux en droit (sinon en fait, on en a bien conscience), on dialogue, chacun défendant son point de vue et ses intérêts, pour aboutir à des solutions de compromis coexistentiel dans l’esprit de solidarité hémisphérique forgée par la géohistoire.
Il ne s’agit ni d’oublier le passé ni de pleurer sur lui. Nous avons conscience d’avoir été victime naguère, non seulement de nous-même avec nos propres errements, mais aussi de l’incompréhension et de la loi du plus fort, de la part d’un Nord historique que José Marti qualifiait alors de brutal et dominateur. Mais le passé n’oblige pas, ni ne contraint, sinon qu’il nous invite à faire que le présent et l’avenir soient différents et surtout meilleurs.
5)Le nouvel horizon asiatique et pacifique.
Cet horizon de l’avenir, si l’on en croit les thèses futuristes sur l’Océan Pacifique, nouvel épicentre de la planète dans le domaine des relations doit être exploité par le pouvoir RDNP d’une manière pratique en privilégiant les rapports économiques et en maximisant le potentiel mobilisable aujourd’hui élargi de nos ressources extérieures :  Le Japon aussi bien que Hong Kong, la Corée aussi bien que l’île de Taiwan, la Chine aussi bien que Singapour, la Thaïlande aussi bien que les Philippines, l’Australie comme la Nouvelle Zélande. Cet élargissement de notre champ diplomatique ne s’accompagnera pas de l’établissement de missions résidentes mais de relations diplomatiques nouées a travers les missions respectives a l’ONU qui servent de cadre au déploiement de relations profitables dans le domaine économique et financier.
Le pouvoir du RDNP s’attachera à réorganiser les structures administratives tant internes qu’externes qui seront chargées de mettre en œuvre par priorité et non en exclusivité la politique internationale de la nation. Le programme de réforme comprendra les points suivants :
1-Application d’un programme de formation systémique des diplomates à l’INAGHEI rénové pour être mieux à même de servir. Problème de recrutement : les nominations devront se faire, non à partir des relations amicales ou sociales, mais sur une base professionnelle axée sur la compétence afin de rétablir, en les améliorant, les traditions de continuité du service diplomatique. Problème de formation polyvalente, juridique, économique, politique, linguistique qui à partir des principes de rotation de poste et de stages soit dans le pays, soit à l’étranger, engagera vers la formation continue couplant les études et l’expérience, afin que les diplomates ne soient ni coupés de la réalité haïtienne, ni étrangers aux changements internationaux. On ne demandera pas aux diplomates d’être des savants, mais d’être des informés, de comprendre, afin d’informer le gouvernement.
2-Tout en préservant les traditions de présence diplomatique privilégiée dans les pays latino-américains, le pouvoir RDNP estime indispensable d’opérer un redéploiement de notre service diplomatique. En effet, notre pays est actuellement présent dans 45 postes diplomatiques au niveau d’ambassadeurs permanents (24 dont 7 à juridiction multiple), d’ambassadeurs non-résidents (4), de chargés d’affaires (3) et de délégation permanentes (2). La répartition géographique de nos 24 ambassadeurs permanents est largement déséquilibrée au profit de l’Amérique Latine (10) et de l’Europe (8), alors que nous avons 3 postes en Amérique du Nord, 2 en Asie, un au Moyen Orient. En Afrique nous avons un ambassadeur non résident au Sénégal, dans la Caraïbe, nous sommes représentés par des ambassadeurs non-résidents au Bahamas et à la Barbade tandis qu’aucun pays arabe n’accueille une de nos ambassades. Il ne fait pas de doute que nous devons repenser notre système de présence, élargir la pratique des ambassades multiples et des missions itinérantes, exploiter plus systématiquement les possibilités de contacts et de négociations offertes par les villes a vocation internationale telles que New York avec le siège principal du système des Nations Unies, Bruxelles (point de rayonnement privilégié vers l’Europe Occidentale et le groupe ACP) et Genève ou fonctionnent d’innombrables organisations internationales tant gouvernementales (OIG) que non gouvernementales (ONG).
3-Il s’agit, bien entendu, de considérer la charge financière que représente le fonctionnement social d’un service international compétent et prestigieux sans ostentation : Dans ce domaine non plus nous ne devons pas oublier que nous sommes un pays pauvre et qu’il ne saurait être question que, sans calculer nos représentants à subir les effets d’un radinisme budgétaire humiliant, que ces derniers voyagent en première classe, roulent Mercedes, s’habillent (eux et leurs épouses) de manière somptuaire et offrent des réceptions qui, de toutes façons ne sauraient rivaliser avec les possibilités dont disposent d’autres nations plus fortunées. Sur ce chapitre des réceptions, il conviendra de souligner qu’en règle générale, les ambassadeurs font la promotion des produits gastronomiques de leurs pays : la France fait déguster ses vins, son champagne, sa charcuterie fine et ses fromages ; l’Union Soviétique son caviar et sa vodka. Offrons donc ce qui nous est propre : le rhum punch, le griot, les acras, le riz djon-djon, la chiquetaille de morue, etc.
4-Dans ce cadre du Ministère des affaires Etrangères, et en collaboration avec d’autres Ministères concernés, le RDNP pense à créer une division chargée des relations avec les Haïtiens de l’extérieur. Outre les fonctions consulaires, cette Division aurait à charge :  
De faire l’inventaire systématique des compétences haïtiennes résidant encore à l’étranger ;  
D’organiser en faveur de ceux d’entre eux qui auront conservé la nationalité haïtienne, conformément à la Constitution, l’exercice de leurs droits civiques par l’aménagement technique et juridique de bureaux de vote au sein des ambassades et consulats ;
De leur assurer une représentation parlementaire. La création de sièges réservés aux Haïtiens de l’extérieur au sein de la Chambre des Députés et du Sénat relève, bien entendu, d’une procédure constitutionnelle et législative. Le pouvoir RDNP prendra à ce sujet les initiatives appropriées après examen des modalités pratiques ;
D’une manière générale, transformer les ambassades en des lieux normaux de fréquentation confiante et communautaire par les Haïtiens à l’extérieur, comme ce fut autrefois la tradition, avant que le duvaliérisme ait fait fuir leur ambassade par les Haïtiens soucieux de leur sécurité. L’ambassade doit rassurer, recréer les liens de communauté et non servir de police au pouvoir.
5-Enfin, le RDNP s’attachera à la vulgarisation des relations internationales Haïti par un triple effort d’information, d’éducation et de sensibilisation sur les évènements internationaux qui présentent un intérêt pour nous. Dans une démocratie véritable, il est possible de concilier la règle de discrétion des initiatives diplomatiques et le droit des citoyens à être informés chez eux, en priorité et non par dépêches d’agences étrangères, sur les décisions du gouvernement qui concernent leur destin. La presse, la radio, la télé, les programmes d’éducation civique dans les écoles, l’encouragement aux thèses et mémoires universitaires, serviront de véhicules à cette opération de vulgarisation des relations internationales d’Haïti.