Par Rigobert Carty, av.

La politique est la clé de la grandeur ou de la décadence de n’importe quelle société, qu’il s’agisse d’une société moderne ou archaïque. Cependant, le facteur primordial capable d’orienter ou de mener l’action politique pour le mieux ou pour le pire est l’homme. L’homme, dirions-nous, est le centre ou le cerveau de l’action politique. S’il en est ainsi, les citoyens d’un pays, où germe la démocratie représentative, ont la lourde responsabilité de choisir ceux qui doivent exercer le pouvoir politique en leur nom. Car de leur choix va dépendre le bonheur ou le malheur de leur nation, sa pérennité ou son déclin.

Compatriotes haïtiens, où que vous viviez, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, rien n’est plus vrai de dire que notre pays est à la croisée des chemins. Car de ce qui va se passer en Haïti, dans les prochains jours, les prochaines semaines, ou les prochains mois, va dépendre le salut de notre nation. De deux choses l’une : ou bien on fait un bon choix pour engager le processus de la régénération d’Haïti; ou bien en accepter un imposé de l’extérieur ou de l’intérieur par des magouilles électorales planifiées par le régime en place. A cette croisée de chemin, le peuple haïtien opposera le refus à toute solution imposée contre ses intérêts si ceux-là qui sont au pouvoir actuellement veulent adopter la deuxième hypothèse.

En récapitulant l’action des hommes politiques de 1950 à nos jours- nous parlons ici de ceux qui ont conquis le pouvoir soit par personne interposée, soit par des élections honnêtes ou truquées, et qui ont terminé leur mandat ou ont gardé le pouvoir politique au-delà de leur mandat- mis à part Paul Eugène Magloire, tous ont contribué à ternir l’image du pays, tous ont contribué à détruire le pays. Les gouvernements de transition, les gouvernements éphémères font exception à cette observation, mis à part celui de Gérard Latortue qui fut un gouvernement de grande déception pour le pays. Bien souvent, le peuple haïtien a presque toujours fait un mauvais choix, parfois de bonne foi. Alors, s’il en est ainsi, quels sont les critères de choix des citoyens appelés à nous diriger? En d’autres termes, quelles sont les qualités que doivent posséder ceux qui doivent être choisis pour exercer l’action politique?

Ceux-là qui sont appelés à diriger le pays et à y exercer l’action politique doivent posséder des qualités de cœur et d’esprit; être munis d’une grande préparation académique; faire preuve de vertus civiques, patriotiques et morales; être capables de se comporter au pouvoir en bon père ou bonne mère de famille.

Les qualités de cœur et d’esprit nous épargneront ce ballet sanglant dont le pays est témoin depuis 1804. Presque tous nos chefs d’État ont endeuillé les familles par des assassinats politiques. Le peuple haïtien doit dire que le règne des assassins est à jamais révolu. Les qualités de cœur et d’esprit inciteront nos futurs chefs d’État de se pencher sur le sort de la majorité souffrante, d’agir politiquement pour améliorer leur condition de vie et leur souffrance séculaire.  Elles serviront d’aiguillon à nos futurs chefs d’État pour l’exercice d’un leadership éclairé dans son action politique.

La préparation académique adéquate aidera à relever le niveau de notre éducation, à prendre des décisions correctes pour ressusciter le prestige de notre pays mis en lambeaux par le triste spectacle des régimes populistes, pratiquant la militance comme vertu éducative et administrative. Elle orientera le choix de nos leaders dans le recrutement de collaborateurs compétents, honnêtes et sérieux. Haïti possède actuellement une pléiade de gens qualifiés académiquement tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Ils ne requièrent qu’une seule condition pour servir leur pays: le respect de leur vie et de leurs biens. N’importe quel leadership éclairé peut offrir ce minimum.

Que dire des vertus civiques, patriotiques et morales! Hélas! Le ressort de ses trois vertus est cassé dans notre pays. Nous avons besoin actuellement d’un leadership politique capable de servir de modèle pour la jeunesse. Que d’incivisme, d’antipatriotisme, d’immoralité au timon des affaires depuis bien longtemps déjà. Il nous faut un nouveau code de valeurs civiques, patriotiques et morales dans notre administration et dans nos écoles. Ceux-là qui doivent être l’objet de choix des citoyens haïtiens pour l’action politique doivent être des patriotes et non des politiciens en herbe pleins de ruse dans leur sac, incapables de défendre les intérêts du pays en cas de nécessité.  Ceux-là qui doivent nous diriger  doivent être des modèles pour les autres citoyens par leur comportement social et politique.

Gérer un pays en bon père ou bonne mère de famille, c’est en prendre soin comme on aurait pris soin de sa propre famille. C’est ne pas accéder au pouvoir pour se comporter en dictateur corrompu, trahir le pays, courir après la gloire, dilapider les fonds publics, s’enrichir en appauvrissant le peuple haïtien et prendre le chemin de l’exil avec son magot sans expier ses crimes.

Tous ces qualités énumérées pour le choix d’un leader pour l’action politique, Mme Mirlande Hyppolite Manigat est celle qui les réunit toutes. Elle demeure la candidate à la présidence sur laquelle doit se porter notre choix pour les prochaines élections. Alors, soutenez-la et faites-la soutenir par vos contributions financières.

Savoir choisir est une responsabilité lourde de conséquences positives ou négatives pour un pays.  Le temps n’est pas loin où le peuple aura l’opportunité de choisir ceux qui doivent exercer le pouvoir politique afin de tirer le pays de l’ornière où il est plongé. Le peuple haïtien fera preuve de lucidité cette fois-ci pour ne pas tomber dans les pièges des « politicailleurs » de tous poils qui sont toujours à l’affut du pouvoir, sans qualification, sans préparation académique, en quête seulement de la gloire, de la richesse et du pouvoir personnel.

Rigobert Carty, av.
Miami le 7 Octobre 2010.